Un environnement propice au mouvement
Le «modèle de Coire» poursuit avec conviction l’idée d’un enseignement différencié et d’une adaptation des contenus au niveau de développement et d’apprentissage des élèves. Le concept se laisse aussi revisiter pour l’enseignement en mouvement.
Mouvement et perception forment les bases de notre développement et de notre apprentissage. L’espace y joue un rôle important, car il crée des champs d’application pour ces processus. Grâce à des adaptations spatiales et méthodologiques, on peut créer un environnement d’étude propice au mouvement. Nous vous présentons quelques exemples qui se rapprochent du «Churer Modell der Binnendifferenzierung im Unterricht» («Le modèle de Coire de la différenciation interne dans l’enseignement).
1. Réorganiser l’espace
Transformer la salle de classe en un paysage qui invite à l’étude et au mouvement donne non seulement plus de place pour bouger mais aussi plus d’envie de le faire. Le mobilier est disposé de telle manière qu’il offre plusieurs places de travail avec un espace central libre pour favoriser les déplacements.
On peut aussi prévoir un coin spécialement dévolu au mouvement avec du petit matériel, ou une pièce séparée pour l’activité physique.
2. Aménager différentes places de travail
Les places de travail sont organisées en fonction des différents besoins: place pour le travail en partenariat, pour les travaux de groupe, pour le travail individuel qui exige de la concentration, etc. Les enfants ne restent ainsi pas toujours dans la même position assise. Des bureaux surélevés ainsi que des «postes» mobiles pour étudier en marchant sont aussi mis à disposition. Les élèves choisissent les places de travail et la forme d’apprentissage selon leurs besoins.
3. Varier les offres d’apprentissage
Les élèves disposent de diverses opportunités pour travailler sans pour autant rester inactifs physiquement. Les tâches à effectuer doivent par exemple être retirées et ramenées à un endroit précis. Les élèves se déplacent ainsi à plusieurs reprises et choisissent leur lieu de travail en fonction de la tâche ou de leurs besoins du moment. Des exercices avec du matériel sont proposés à différents postes. Les enfants choisissent les tâches motrices et le degré de difficulté qui leur conviennent pour s’entraîner individuellement.
4. Se retrouver en cercle
Les leçons commencent par une courte séquence collective (10-15 minutes), les élèves étant disposés en cercle. On y effectue des activités communes afin de compenser l’individualisation des autres tâches.
Cette entrée en mouvement dans la leçon peut être répétée et constituer ainsi un rituel (salutation au soleil par exemple). Les temps de mouvement et d’apprentissage sont favorisés grâce à cette mise en route commune.
5. Se confronter à la page blanche
Les élèves sont régulièrement encouragés à résoudre des tâches qu’ils ont choisies eux-mêmes. Cette forme de sollicitation laisse beaucoup de place au mouvement. Les idées d’activités motrices viennent ainsi enrichir le «panier» de l’enseignement en mouvement.
6. Instaurer un système de coopération
Lorsque les élèves butent sur une tâche (étude ou mouvement), ils doivent pouvoir trouver de l’aide auprès d’un camarade qui a déjà résolu le problème. Ils peuvent aussi en tout temps s’adresser à l’enseignant.
7. Transmettre les méthodes et stratégies d’apprentissage
Afin que les élèves puissent travailler de manière autonome, les enseignants doivent leur transmettre pas à pas des méthodes et des stratégies. Ecouter les signaux de son corps et déceler quand il est nécessaire de s’activer ou de se reposer font partie des apprentissages à acquérir. Les stations destinées au mouvement et au jeu peuvent être choisies par les élèves comme poste de travail ou de «récréation» en fonction des besoins du moment.
8. Dialoguer sur la thématique
Les discussions et les argumentations jouent un rôle important dans l’enseignement ouvert. L’enseignant prend connaissance entre autres des opinions et projections des élèves. Les méthodes et stratégies d’apprentissage (notamment l’enseignement en mouvement, les pauses actives) doivent être éclairées. Important: les enfants connaissent les bienfaits du mouvement et ils sont capables de l’appliquer de manière ciblée.
9. Planifier les progrès individuellement
Afin d’introduire de nouveaux contenus et le cas échéant de proposer des mesures d’accompagnement adéquates, il faut savoir où se situe l’enfant dans le processus d’apprentissage. En observant les élèves durant les séquences dévolues à l’activité physique, l’enseignant peut déceler d’éventuels déficits moteurs et y remédier grâce à des aides ciblées. La tenue d’un journal d’activité physique documente les progrès individuels.
10. Questionner ses attentes et laisser du temps
Souvent, les doutes assaillent les enseignants quant à savoir si les élèves apprennent suffisamment et de manière correcte, et s’il est possible de garder une vue d’ensemble de la situation. Un enseignement ouvert et en mouvement représente sans aucun doute un défi pour les enseignants et les élèves et il peut occasionner au début une certaine agitation. Des règles claires, une entrée en matière progressive et un peu de patience s’avèrent ici très précieux.